Myrissi

Le marketing sensoriel et emotionnel

Le métier, l'innovation

Lorsqu’on achète une boîte de glace jaune, on ne s’attend pas à manger du chocolat. On ne peint pas non plus en rouge vif une chambre d’enfants si on veut qu’ils restent calmes … C’est prosaïque, mais en réalité notre cerveau fait des associations parfois très complexes entre nos sens (odeurs, couleurs) et nos émotions. Sur ces liens, les avis d’experts ne sont pas toujours ceux des consommateurs, et ces derniers diffèrent selon leur culture, leur origine géographique.
Le métier et l’innovation de Myrissi, c’est d’avoir développé une technologie qui permet d’anticiper la perception du consommateur, et donc de mieux concevoir certaines offres (packaging, produit, odeurs …). En bref, éviter des associations incohérentes.
A quoi ça sert ? Se tromper dans le lancement d’un nouveau produit (alimentaire, cosmétique, parfum …), peut coûter des fortunes. Alors traditionnellement, on consulte des experts, puis on fait des tests consommateurs. C’est long, coûteux, et comporte des biais.
L’enjeu de nos clients, et notre proposition de valeur, c’est de dérisquer et de raccourcir ces phases de lancement de produit. C’est possible grâce à une intelligence artificielle (E-Cos) développée avec d’énormes bases de données constituées au cours des dernières années (tests consommateurs). Cette technologie est très facile d’accès pour nos clients via une plateforme online (Myriscent).

La dirigeante

Muriel Jacquot

Directrice Générale

Enseignant-chercheur à l’ENSAIA, Muriel est une spécialiste de la modélisation des interactions sensorielles, en particulier odeurs d’une part, couleurs et émotions d’autre part.

Timeline

Myrissi timeline

L'interview

Sa vision / Son ambition

Ma vision est que, quel que soit le produit, la communication sensorielle est ce qui est le plus fluide et naturel. Avoir une communication fluide est la meilleure façon de toucher le consommateur, pour lui permettre de faire le bon choix. Notre libre arbitre est largement porté par nos émotions et notre affect.  

Mon ambition était tout simplement de réussir le transfert de cette véritable innovation de rupture du laboratoire dans le monde économique ! Lorsque nous avons obtenu nos 1ers résultats de recherche, ils étaient bluffants ! C’était à la fois décalé, en rupture totale avec les approches historiques et épatant dans les résultats ! Cela méritait d’être valorisé autrement que par quelques publications scientifiques. Et ça n’existait absolument pas dans le milieu professionnel ! Le potentiel de la techno était énorme, on ne pouvait pas laisser ça dans un placard. Cette ambition a été très vite tournée vers les professionnels en particulier vers l’international, plus à l’écoute au début (tels Esthée Lauder aux USA). 

Sa plus grande réussite

A ce jour, nous avons deux grandes fiertés : 

La 1ère est d’être parvenus à faire un produit (outil) commercialisable qui correspond à un besoin du marché à partir d’un résultat de recherche : mais il nous a fallu un peu plus de 3 ans !

La seconde est d’avoir réussi à séduire un groupe suisse comme Givaudan (leader mondial dans l’univers des arômes et de la parfumerie), auquel nous avons choisi de nous adosser à partir de début 2021 pour accélérer le déploiement de nos technologies.

La plus grande difficulté qu'elle a réussi à surmonter

Je pense que nous avons été confrontés à toutes les difficultés possibles dans la création d’entreprise … Mais s’il faut choisir…

Notre 1ère et plus grosse difficulté a été le départ de la cofondatrice de la startup moins d’un an après la création, et donc l’absence d’une équipe soudée et structurée dès le départ : perte de temps et d’énergie ! J’ai résolu le problème en m’appuyant sur ce qui reste un fondamental : la famille. Ma mère, ex responsable RH puis marketing/communication dans l’univers bancaire, a rejoint l’équipe pour présider la startup. J’étais alors avec quelqu’un de complémentaire en qui j’avais 100% confiance, et qui partageait ma vision.

Un choix inhabituel, mais gagnant.

Notre 2nde difficulté majeure était dans notre genèse : nous étions des pionniers. Amener une innovation de rupture peut être long et difficile ! C’est a priori le bonheur de ne pas avoir de concurrence, mais en réalité c’est un véritable handicap ! Il faut beaucoup expliquer les choses, évangéliser, simplifier le discours, mais pas trop sinon la techno devient un jouet ; bref, trouver le bon équilibre dans la communication. Il nous a fallu trouver des prospects qui nous écoutent, identifient parfois leur intérêt et intéressés à nous accompagner dans le développement de la solution. Il nous a évidemment fallu aussi comprendre ce marché et nous adapter ! L’intérêt était réel pour les liens entre odeurs et couleurs, mais il manquait la dimension affective, qu’il a fallu développer. Et ce n’est pas facile de faire bouger les habitudes d’un marché. Compliqué quand on est tout petit !

Les meilleurs et les pires conseils qu'elle a reçus

Le meilleur conseil qu’on ait reçu a été très tôt, avant même la création de la société, au labo. Nous étions déjà un peu marginalisés par rapport aux thématiques de recherche habituelles. Mais un prof, là au tout début, m’a dit de ne pas lâcher, car il y avait quelque chose. Pour les autres chercheurs, il fallait qu’on arrête un peu de jouer avec nos gommettes de couleur …

Pas vraiment eu de pire conseil. J’écoute assez facilement, après je prends ou pas et je décide. Echanger contribue toujours à enrichir et structurer la réflexion pour prendre les bonnes décisions.

On parle un peu de la suite ?

Aujourd’hui, 7 ans après la création, une nouvelle page s’ouvre pour Myrissi, que nous venons de vendre au groupe Givaudan. C’est un formidable nouveau challenge, car en réalité je vais continuer à travailler pour eux, et nous allons désormais avoir des moyens décuplés pour exploiter et développer nos solutions.